Une bande verte verdon de Christine Bauer
Les éditions atelier pictura ont choisi un auteur au style singulier. Un regard d’une lucidité remarquable, doux et brutal. Christine Bauer nous entraîne dans sa vision, dans ses tournures de phrases, au plus profond de la surface, touchant parfois l’abîme du langage.
L’éditeur
Ce premier ouvrage de la collection Regard a été tiré à 100 exemplaires sur papier Munken Polar dont cinquante numérotés de 1 à 50 avec une gravure originale numérotée et signée par l’auteur pour les souscripteurs et 10 exemplaires d’artiste avec suite et originaux signés, numérotés en chiffre romain de I à X. L’ensemble constitue l’édition originale.
Si vous êtes intéressé par cet ouvrage, veuillez nous contacter.
ISBN 978-2-9533796-0 Parution : 2009
Prix : 20 euros, prix: exemplaire d’artiste 120 euros
Éditions Atelier Pictura, Route d’Artignosc, 04500 St. Laurent du Verdon
NOTE DE LECTURE
Par Nathalie Riera
«Rien n’est bon que ce qui vient tout seul. Il ne faut écrire qu’en dessous de sa puissance. »
Francis Ponge, Proêmes
Une bande verte Verdon : pas de place aux ressacs.
Immobilités, ondulations, jusqu’à parfois quelques enlacements, tout se tient à être détachement, sorte de tranquillité inlassable, indissoluble. Rien qui ne soit réfractaire. Rien dans la langueur. Même les ombres sont calmes.
Ce qui cesse n’est plus, ce qui cesse se transforme.
Christine Bauer salue tout ce qui lui fait signe simplement. De la même manière que tout ce qui fait intrusion, comme les saletés, les odeurs fortes…
Par ailleurs, elle écrit « scintillement », mais se refuse tout effet de magnificence. Juste une invitation à regarder de près. Prêter l’œil. C’est là qu’elle semble trouver son souffle, sa source. Là où le regard prend des chemins secrets. Où le regard ne sublime rien.
Le calme plat peut se perdre, la tempérance à tout moment troublée : ce qui se répète se renouvelle, s’aère.
De quoi est fait le poème ? surtout de refuser toute prostration, et de ce qu’il peut encore parfumer l’air.
Une bande verte Verdon : le poème est l’espace d’un jardin, d’une eau claire et limpide avec ses galets, d’un sous-bois dense et jaune, d’unerivière invisible. Le poème est l’espace de ce qui est paysage… inhabituel.
Toute cette magnificence, matinée exceptionnelle, ce paysage à couper le souffle, m’insupporte au fond. Une fois arrivée au sommet, je suis apaisée. Pas de vue imprenable, pas de gorges majestueuses, que du paysage « normal ».
Ainsi suis-je capable de tourner mon regard vers le sol, vers le petit, vers le non-spectaculaire, vers le détail, vers le fade…oui, vers le fade.
Lumière pour l’œil, pour le sol, pour l’infime, le quelconque.
Se trouver là, dans l’essentiel, dans la promesse des lieux, dans le frôlement des choses. Se laisser modeler par ce qui s’approche ou se resserre, par ce qui s’éloigne ou s’élargit.
Lumière pour l’inexprimé.
© Nathalie Riera, 20 juin 2009