Bruno Le Bail / Exposition
Moustiers Sainte-Marie
La salle de l’Ancien Presbytère
04360 Moustiers Sainte-Marie
du 18 juin au 11 juillet 2014
Vernissage // samedi 21 juin 2014 à 18 h
Extrait du livre Dialogue
entretien entre Bruno Le Bail et René Barzilay
RB : 25 années de pratique de cette ligne vous ont amené à développer une ligne qui se déforme en fonction de votre déplacement ; nous abordons là l’étape actuelle de votre travail. Vous peignez par série, celle en cours, dite des paysages, après les nus et les natures mortes est a minima surprenante. Pourquoi ce paysage, que représente t-il pour vous ?
BLB : Je connais très bien ce paysage car je le vois tous les jours habitant dans les basses gorges du Verdon depuis presque 20 ans. Je vis avec lui et j’ai appris à connaître ses facettes multiples, non seulement avec les saisons, mais aussi entre l’aube et le crépuscule et cela chaque jour de l’année. Je longe ces berges toute la semaine pour me rendre dans mon atelier, il fait partie de ma vie, c’est un rapport à la fois mystérieux et très intime. J’avais, depuis longtemps, envie de peindre une série d’après ce paysage. C’était très risqué d’aborder un tel sujet, il fallait que je m’affranchisse de tout un pan de la peinture romantique, impressionniste et même cubiste. Comment peut-on peindre encore un paysage aujourd’hui et comment restituer cet espace/temps qui pour moi est fondamental ? Il y a un changement incessant de la lumière qui modifie la forme quand on est face au motif. Nous avons ici le même paysage décliné sur trois toiles de même format, peintes très classiquement qui montrent trois moments de la journée « matin, midi, soir ». Simultanément, de la même focale, ont été prises 46 photos toutes les 15 minutes, précieuses indications sur la lumière incroyablement changeante. Une machine que j’ai conçue me permet de me déplacer en carré devant chaque tableau (devenu support ou décor), en suivant la ligne continue propre à chacun de ces supports. Chaque arrêt génère un carré, sorte de fenêtre ouverte sur le paysage qui donne à voir un lieu (espace) à un moment donné (temps). Quand je suis loin cette fenêtre est petite et l’image précise, à l’inverse de loin la fenêtre est grande et correspond à une vision de flou. Curieusement les fenêtres, peintures en soi, apportent une vision différente du décor de base, il arrive aussi que les fenêtres se superposent et donc disparaissent partiellement, voire complètement. Cela m’est égal même si ce qui est recouvert me paraît picturalement intéressant. C’est la loi de la ligne continue, jamais de repentir, de plus ce qui disparaît est toujours là, invisible, et aussi présent.
extrait
« Dialogue » aux éditions atelier pictura
ISBN : 978-2-9533796-1-79782953379617
Renseignements // Office de Tourisme Moustiers