Vaslav Nijinski

Vaslav Nijinski

L’Après-midi d’un faune

Chorégraphie Vaslav Nijinski

L’Après-midi d’un faune a été créé le 29 mai 1912 au théâtre du Châtelet, à Paris. Tableau chorégraphique de Vaslav Nijinski (1889-1950) ; danseurs : Vaslav Nijinski (le Faune) et Lydia Nelidova (la Grande Nymphe) ; musique : Prélude à l’après-midi d’un faune de Claude Debussy, sous la direction musicale de Pierre Monteux.

Vaslav NijinskiCouverture du programme pour la première de « L’Après-midi d’un faune ». Dessin de Léon Bakst. © AKG-images

Rudolf Nureyev dance “L’Après-midi d’un Faune”

Un ballet en totale rupture

L’espace de danse (celui mis à la disposition du danseur). Nijinski n’utilise que le devant de la scène. Lors de la création, seul le proscenium est exploité, la toile de fond se trouvant directement au niveau du rideau de scène proprement dit. La scène ne mesure que deux mètres. L’effet de cette perte de profondeur est redoublé par l’absence de perspective sur la toile peinte par Léon Bakst. Cet aspect monodimensionnel est implicitement présent par l’utilisation unique du côté Jardin. Cette disposition voulue par Nijinski a des conséquences novatrices dans l’écriture chorégraphique :
– elle évite ainsi toutes les montées et descentes habituelles des danseurs sur le plateau (du lointain au devant de scène, et inversement) 
– elle évite de placer en milieu de scène, dans l’espace déjà réduit, les événements les plus importants : cette position centrale, hautement symbolique, est abandonnée 
– elle évite tout contact de regard entre les danseurs et le public. L’attente réciproque entre public et interprète est rompue.
Le contrecoup le plus significatif est l’évitement de toute « starisation » des protagonistes qui n’ont plus lieu, littéralement, de se « mettre en avant » : ils deviennent partie intégrante de l’œuvre. Pour parvenir à cet état de danse qui déroge aux conventions, l’auteur innove sur l’espace dansé.

  Vaslav Nijinski    

CAHIERS

VERSION NON EXPURGÉE

Vaslav Nijinski

 

Je sais ce qu’il faut à mon stylo pour bien écrire. Je comprends mon stylo. Je connais ses habitudes, c’est pourquoi je pourrais en inventer un meilleur. J’en inventerai un meilleur, car je sens ce qu’il faut. Je n’aime pas appuyer, mais la fountain-plume aime qu’on appuie. J’ai l’habitude d’écrire avec un crayon, ça me fatigue moins. La fountain-plume fatigue ma main, car je suis obligé d’appuyer. J’inventerai un stylo sans pression. La pression de la fountain-plume ne donne pas de beauté à l’écriture, c’est pourquoi il ne faut pas appuyer. La pression dérange l’écriture, mais je ne laisserai pas mon stylo tant que je n’en aurai pas inventé un autre. Si mon stylo se casse, je le donnerai à réparer. Si la plume se fatigue, j’irai en acheter une autre. Je ne jetterai pas ce stylo tant qu’il écrira. Je ne laisserai pas ce stylo tant que je n’en aurai pas inventé un nouveau. Je veux que les hommes travaillent à leur perfectionnement, c’est pourquoi j’écrirai avec ce stylo. J’aime les objets perfectionnés. Je n’aime pas les objets. J’aime les objets s’ils sont nécessaires. Je n’aime pas la publicité, car elle ment. J’aime la publicité, car c’est la vérité. J’aime la vérité, c’est pourquoi j’écrirai toute la vérité avec ce stylo.

La mort est venue à l’improviste, car je l’ai voulue. Je me suis dit que je ne voulais plus vivre. J’ai peu vécu. Je n’ai vécu que six mois. On m’a dit que j’étais fou. Je croyais que j’étais vivant.

Longtemps soustraits à la publication intégrale, révélés dans leur version authentique, les cahiers de Vaslav Nijinski révèlent des pages écrites dans une langue fiévreuse, souvent incandescente, un peu à la manière de Dostoïevski, les unes d’une lucidité aveuglante et d’autres d’une terrifiante obscurité, touchant à la vie, à la mort et à la folie avec des mots ici murmurés d’une voix venue de la première innocence, et là martelés par la douleur…   extraits de Nijinski / Cahiers // Édition Acte Sud

Vaslav Nijinski

 

Vaslav Nijinski Choreographer Vaslav Nijinsky and composer Maurice Ravel at the piano playing a score from Daphnis and Chloe / 1912 // Image by © Bettmann/CORBIS

Vaslav NijinskiVaslav Nijinsky // Iskander in La Peri /costume design by Leon Bakst // ballet by Paul Dukas // 1911

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